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Photo du rédacteurCindy Ambassadrice de l'Allier

Sur les traces des "gueules noires"

Dernière mise à jour : 29 juil.


Mise à jour du 29 juillet ! Avec la mise à jour de l'interface, les photos ont été supprimées... Mais une nouvelle visite sera faite bientôt avec un nouveau post voire une mise à jour complète de ce post ! Patience...


Cette fois-ci, me voici dans le Bocage Bourbonnais, à Noyant-d'Allier pour être plus précise !

Il y en a des choses à voir là-bas ! Les côtes Matras, la Pagode… Mais pour ce post, je vous emmène à quelques mètres sous terre ! Je suis en effet partie à la découverte du musée de la mine ainsi que du Palais des miniatures ! D'habitude, les visites guidées que je fais sont superbes, mais pour une fois, celle-ci a été un peu frustrante, mais j'ai passé un bon après-midi !


Prenez une lampe, mettez une charlotte et votre casque et descendons !


Quoi de mieux un dimanche auquel la chaleur s'invite, que de faire une petite virée ? Me voici embarqué à Noyant-d'Allier, une destination bourbonnaise pour le moins insolite !


Premier arrêt : le Musée de la Mine !


Je suis accueilli par une guide costumée. Nous visionnons un documentaire de la Société "Charbonnage de France", qui a été dissoute en 2007.



Le documentaire nous explique comment se forme le charbon. Puis vient les lieux d'exploitations. Nous voici projeté à l'intérieur d'une mine dans laquelle nous découvrons les machines, les dangers des mines ainsi que la différence entre une mine et la mine à ciel ouvert. J'énumère, nous reviendrons sur ces points tout au long de la visite.


Après ce visionnage, nous faisons un petit tour en train.


J'ai privilégié les photos au lieu d'une vidéo, en voici une provenant du site Youtube (crédit @Fabien Pitorre) :


La mine de Noyant ferme quant à elle en 1943. L’exploitation du gisement local de charbon, appelé bassin de la Queune, a profondément marqué Noyant d’Allier. Exploité dès le 16e siècle, le « charbon de terre » donnait une forte activité économique jusqu’à l’arrêt en 1943.


La fermeture de la mine laissa vacante de nombreux logements, les corons. Or, à la suite du conflit d’Indochine, ils furent utilisés pour accueillir des familles rapatriées du sud-est asiatique.


Au passage, la fin de la visite se termine par la "chambre chaude". Dans celle-ci, vous pourrez voir la reconstitution d'une cuisine de corons, à l'identique de celles des habitations des corons de Noyant. L'habitation comprenait la cuisine, une chambre à droite de celle-ci d'une grandeur identique, des chambres à l'étage, un grenier et une cave. Devant la maison, le mineur disposait d'un petit terrain au fond duquel on pouvait voir un appenti et des WC. Chaque habitation était identique.




En plus d’une communauté polonaise et ukrainiennes employée à la mine, une communauté vietnamienne, s’est installée à Noyant. Générant un mélange ethnique vivant.


Le carreau de la mine subsiste toujours aujourd'hui. Elle a été exploitée par la Compagnie des Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons. Son chevalement en béton armé unique en France reste également. Il surplombe le puits central profond de 43 mètres.


Cette construction est signée Eugène Freyssinet (1879-1962), ingénieur, il et l'un des pionniers du béton armé dans le génie civil et l'inventeur du béton pré-contraint. On lui doit aussi le pont Boutiron à trois kilomètres au nord de Vichy et inauguré en 1912. Sans oublier d'autres ouvrages dans l'Allier.


La mise en valeur du site a été entrepris en 1983, par l'Association des amis de la mine.


Je vous mets à disposition, un petit vocabulaire des mineurs afin que vous compreniez certains termes comme "chevalement " : http://www.musee-mine.saint-etienne.fr/sites/default/files/ckeditor_uploads/vocabulaire_de_la_mine_0.pdf


Minute papillon ! Pourquoi le musée de la mine Jean le mineur ? C'est en hommage au doyen de l'association Jean Gawlas qui a débuté sa carrière de mineur à Noyant !


Plus d'infirmations sur le musée ici : http://www.patrimoineaurhalpin.org/cartes/mines-de-noyant-03/


Au fil de la visite, nous découvrons les différents engins et divers véhicules servant dans les mines.


Tambour de haveuse : C'est une sorte de grosse roue munie de picots. De marque Sagem, il a été fabriqué à Montluçon. Il mesure 1,30m de diamètre. Il est doté de pics en carbure de tungstène. La haveuse se déplace sur la largeur de la taille et abat le charbon sur toute la hauteur de la taille.



La purgeuse : Certains doivent déjà faire des plaisanteries rien qu'à l'évocation de son nom. La purge est une opération qui a été mécanisée à partir de 1973. Elle était effectuée afin de garantir la sécurité du personnel travaillant à l'avancement des galeries et préparer le toit. Sur un châssis de type pelleteuse, un bras de purge muni d'un ergot avait été adapté. Avec celui-ci, le conducteur faisait tomber les blocs déstabilisés du toit et des parements. Pendant le purgeage (sans arrosage), aussi bien le mineur que l'engin étaient fortement secoués. L'opérateur quant à lui respirait beaucoup de poussières. Nous verrons par la suite que les poussières étaient dangereuses...



Les camions : Des camions éraient utilisés pour le transport de matériel. Nous avons un prototype de camion de transport pour les mines souterraines, fabriqué par les établissements Beaufrère à Cosne-d'Allier. Il servait à l'approvisionnement en matériel divers du "fond" où il accédait par des "descenderies".

Parmi eux, nous avons un GMC. Il vient des carrières de kaolin d'Échassières dans l'Allier. Il a été construit pour l'arme américaine. Celui sous nos yeux est un véhicule à traction intégrale avec six roues motrices, deux ponts à l'arrière. Le moteur d'origine à essence, a été remplacé par un moteur diesel, plus économique. Pour la petite info, les premiers camions à l'Aumance furent des GMX réformés par l'armée française.

Vous verrez également le camion du "graissou". Une équipe était chargée de faire l'entretien des engins en service au fond de la mine. Il servait pour le dépannage des engins et pour réaliser l'entretien journalier. Il était équipé d'une station de graissage pour un complément en huile, moteur, circuits hydrauliques.


Les mollettes : Non, ce ne sont pas des immenses roues de chariots ! La mollette st une poulie de grand diamètre qui se trouvait au sommet du chevalement sur laquelle passe le câble d'extraction des cages.


Arrêtons-nous ici pour les engins.


Allons voir les équipements.


Les mineurs utilisaient des lampes qu'ils allaient chercher soit auprès des lampistes (les lampistes étaient des jeunes filles en charge de l'entretien des lampes), ou, soit une fois la lampisterie passée en libre-service, pour les derniers modèles électriques en autonomie, sur les bancs de charge.

En échange d'un jeton, il se munissait d'une lampe à la lampisterie. Il avait toujours le même numéro et la même lampe. Le lampiste était chargé de vérifier les lampes ainsi que de veiller à les remplir. À la fin de la journée, dans la demi-heure suivante, le chef lampiste vérifie la présence des lampes sous chaque jeton. Il savait de cette manière, s'il manquait des mineurs. C'est une sorte de pointeuse également, si le mineur perdait sa lampe en oubliant de poser son jeton, c'était comme s'il n'avait pas travaillé ! Il perdait ainsi sa journée !


Certains mineurs exerçaient un métier particulier. Exemple avec le "mineur-boutefeu". L'unique professionnel de la mine autorisé à manipuler et à déclencher des explosifs. Il a été un personnage à part entière dans la hiérarchie. Il supervise les opérations de perforation et d'injection d'eau.


Allons en plus de profondeurs, si je puis dire, avec un triste chapitre sur les enfants.


Nous sommes au 18ème siècle, dans les mines de Noyant.

Il faut savoir que même les enfants étaient envoyés dans les mines. Voici un extrait de Morand, an 1778 à propos des mines de Fins : "On détache le charbon avec des pics et avec des aiguilles ou des coins de fers plats, que l'on fait entrer dans la veine à coup de masse. Du fond des galeries, le charbon est voituré au chargeage dans des brouettes tirées par des enfants de 12 à 16 ans, traînés ensuite dans des caissons".


À Noyant, en 1909, il y avait 214 ouvriers au fond et 77 en surface. Il y eu 67 662 journées de travail effectuées au fond pour lesquelles furent payées 325 898 francs (je vous laisse le soin de la conversion en euros) pour le personnel dont 5 garçons et filles de 16 à 18 ans et de 4 de moins de 16 ans.


En général, dans les houillères, l'âge des enfants descendaient à 9 ans ! C'était la dernière limite pour accepter les enfants aux divers travaux. Toutefois, des enfants ont commencé à l'âge de 6 ans et au-dessous ! Un arrêté royal de 1884 va porter à l'âge de 12 ans l'admission dans les mines pour les garçons et à 14 ans pour les filles. Avec l'obligation scolaire de 1914 fixée à 14 ans, le nombre d'enfants dans les mines diminuera fortement.


Les enfants y travaillent pour diverses raisons. Les salaires des mineurs, trop bas pour faire vivre une famille, obligeait les enfants comme leurs parents à travailler. Si un accident privait prématurément la famille des revenus du père, c'est encore plus vrai. Autre raison, avec la petitesse des enfants, ils glissaient plus facilement dans les tailles étroites pour amener le charbon abattu. Ils pouvaient également se hisser dans tous les autres endroits où les adultes étaient incapables d'aller. Ils servaient à l'approvisionnement les abatteurs et les boiseurs en matériaux variés. Les enfants étaient une main-d'œuvre peu coûteuse !


Voici le témoignage d'une petite fille de 11 ans (extrait de "Le début de l'industrie", enquête de la commission des Mines", 1842) :

"Je travaille au fond de la mine depuis trois ans pour le compte de mon père. Il me faut descendre à la fosse trois heures du matin et je remonte à une ou deux heures de l'après-midi. Je me couche à six heures du soir pour être capable de recommencer le lendemain. À l'endroit de la fosse où je travaille, le gisement est en pente raide. Avec mon fardeau, j'ai quatre pentes ou échelles à remonter, avant d'arriver à la galerie principale de la mine. Mon travail, c'est de remplir quatre à cinq wagonnets de deux cents kilos chacun. J'ai vingt voyages à faire pour remplir les cinq wagonnets. Quand je n'y arrive pas, je reçois une raclée, je suis bien contente quand le travail est fini, parce que ça m'éreinte complètement."


Inutile de préciser que les enfants étaient soumis aux même risques et maladies que les adultes.


Revenons aux mineurs en général.


Les mineurs étaient logés ans la cité proche de la mine comprenant 242 logements, celle de Châtillon comptait 38 logements.


Du côté de la production en 1936 : 37 200 tonnes de charbons ont été utilisées. 3.830 tonne utilisées par la mine, 11 085 tonnes vendues au chemin de fer et 4.795 tonnes aux verreries de Souvigny.


Nous voici embarqué dans une mine reconstituée, nous voici ainsi au frais et ça fait du bien avec ce soleil de plomb ! Malheureusement, du fait de la chaleur, une personne du groupe a rencontré quelques soucis du fait de la chaleur de cet après-midi. La visite a été interrompue ici durant quelques minutes. J'en profite pour blablater avec d'autres visiteurs, qui me donnent quelques bons plans pour de visites à Chantelle.


Nous avons pu tout de même aller à l'entrée et à la sortie. Je ne vous cache pas ma frustration de n'avoir pas fait cette partie de la visite dans sa globalité. Tant pis pour cette fois ! Il va falloir que je revienne un autre jour ! Il faudra attendre une mise à jour de ce post pour découvrir d'autres photos de cette mine reconstituée !


Parlons un peu des dangers des mines.


Je vous parlais il y a un petit moment des poussières. Même les poussières étaient extrêmement dangereuses ! Les mineurs attrapaient fréquemment la Silicose. Une maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de fines particules de poussières de silice. Dans sa forme principale, la phase de latence est très longue. La maladie se déclarait qu'après une exposition d'une dizaine d'années au minimum, alors même que la maladie couvait depuis longtemps. Elle se traduit par une fatigue, puis vient une difficulté croissante à respirer. L'insuffisance respiratoire s'amplifie pour provoquer un sentiment d'étouffement, toujours plus fréquent… Jusqu'à l'agonie douloureuse, souvent lente. Il a fallu attendre le 14 juin 1946, pour que cette maladie soit enfin reconnue maladie professionnelle ! La sécurité sociale minière est généralisée à cette même date.


D'ailleurs, le 14 juin 1946 dote les mineurs d'un statut avantageux. Les risques du métier ainsi que la pénibilité sont également reconnus en plus d'être compensés. Les mineurs ont le droit au logement, l'attribution des combustibles aux mineurs en activité, aux retraités et à leurs veuves. Ils obtiennent des garantes salariales, le droit aux congés payés, l'exercice de l'action syndicale, la durée de travail, le transport gratuit pour le personnel, la dispense des obligations militaires.


Les ouvriers se voient attribuer le titre de Premier Ouvrier de France !


Les mineurs pouvaient se retrouver sous des éboulements. Soit, ils mourraient sous le coup, soit ils pouvaient se retrouver dessous au meilleur des cas. Je dis au meilleur des cas, mais c'est un euphémisme. Si c'était le cas, une course contre la monte s'engageait pour les retrouver à temps !


Les inondations aussi étaient une des plus grandes peurs des mineurs. S'ils perçaient par malheur une poche d'eau, ils pouvaient mourir noyés ! Il fallait faire vite pour évacuer. La mort était fréquemment instantané.


Les mineurs pouvaient se retrouve en présence de gaz. Je vous en cite deux mais, il y a en a d'autres.


Pour le légendaire "coup de grisou" : Non, on n'utilisait pas des canaris pour les repérer ! On envoyait tout simplement... des prisonniers ! Si le prisonnier revenait vivant, celui-ci était gracié ! S'il ne revenait pas, la mort avait fait son office ! Il y avait aussi le moyen de la "lampe de sûreté". La taille de la flamme indiquait l présence du gaz.


L'oxyde de carbone : C'est pour ce gaz qu'intervient l'oiseau, un canari pour être précise. Il et inodore donc quasi indétectable. Si l'oiseau paniquait, c'est que vous étiez en présence d'oxyde carbone.


Un aérage par ventilation mécanique évacuait les gaz dangereux (radon, hydrogène, sulfure, etc.), évacuer les polluants (fumées de tir, gaz d'échappement des engins, …), les poussières, assurer un débit suffisant d'air, abaisser l'intensité de la chaleur.


Intéressons-nous à présent aux conditions de travail.


Entre la chaleur et l'humidité, pas facile de travailler ! Il y avait la saleté bien entendu. Leur surnom de "gueule noire". Un témoignage d'une femme, indique que celle-ci ne reconnaissait pas son mari !


Il y avait également les bruits sonores. La guide nous fait écouter un marteau-piqueur dans une galerie. Laissez-moi vous dire que ça fait particulièrement mal aux oreilles tant le bruit est assourdissant avec les échos ! Entre ces machines et toutes les autres utilisées pour l'extraction du charbon et le perçage des galeries, les mineurs se retrouvaient pour beaucoup sourds !


Autre danger, les rats ! Les mineurs suspendaient leurs affaires, contenant aussi leur panier repas, aux plafonds afin que les rats ne les mangent pas ! Pour l'anecdote, ces petites bêtes ont aussi souvent sauvé les mineurs. S'ils fuyaient, c'est qu'il y avait un danger et ils les conduisaient à la sortie.


La visite se termine dans la "chambre chaude". Vous pourrez y voir quelques outils utilisés par les ouvriers, ainsi que des engins, sans oublier des articles d'anciens journaux et des anciennes photos, d'autres chevalements en France.


Finissons par une note positive, avec davantage de gaité.


Ce n'était pas prévu au départ. Puisque qu'il fait face au musée et que j'ai un peu de temps, je termine cet après-midi par une visite du Palais des miniatures.


Je vous laisse admirer les photos, sans faire de commentaires afin de laisser un peu de surprises :


Je vous dis à très bientôt ! D'autres billets seront consacrés à Noyant avec la Pagode et le belvédère des Côtes des Matras offrant une vue imprenable sur le Bocage Bourbonnais !


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Infos pratiques pour le Musée de la Mine :


Au 31 rue de la Mine à Noyant-d'Allier


Ouvert

  • Du 1er juillet au 31 août, tous les mardis, mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches de 13h30 à 18h. Visites guidées, départs à 14h et 16h.

  • Du 1er septembre au 2 octobre, tous les dimanches de 13h30 à 18h. Visites guidées, départs à 14h et 16h.

Tarif adulte : 6 €

Enfant de 12 à 17 ans : 4,50 €

Gratuit pour les enfant de -12 ans


Contact au 07 68 59 46 95

Site web : mine-noyant.fr


Infos pratiques pour Palais des miniatures :


Au 31 rue de la Mine à Noyant-d'Allier


Ouvert

  • Du 2 avril au 26 juin, tous les dimanches. Visite à 14h, 15h, 16h et 17h.

  • Du 1er juillet au 31 août, tous les mardis, mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches. Visite à 14h, 15h, 16h et 17h.

  • Du 4 septembre au 25 septembre, tous les dimanches.. Visite à 14h, 15h, 16h et 17h.

Plein tarif ; 3,50 € Tarif réduit : 3 €

Enfant : 2,50€

Gratuité : - de 5 ans


Contact au 07 69 69 29 74 ou au 06 79 91 56 32 Site web : Le Palais de la Miniature (webnode.fr)




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